mardi 3 septembre 2013

Triple ascension du Ventoux !


Le Ventoux est aux cyclistes ce que qu'est le Mont Blanc aux alpinistes, la route 66 aux riders de Harley et l'Oktoberfest aux buveurs de bière: LE truc à faire !

Profitant de ma bonne forme du moment à vélo et de l'organisation de ce séjour par un club cycliste voisin, je décide de me lancer dans l'ascension du Mont Ventoux. Et de préférence par le côté le plus dur, tant qu'à faire !

Alors, c'est parti en ce samedi matin 31 Août. Départ de Bédoin pour ce que je pense être à ce moment-là mon unique ascension. Les premiers kms sont roulants et j'aperçois au loin le sommet avec son observatoire météorologique. Il parait loin, très loin.... Je pense en avoir pour au moins 2h45 d'effort. Bah, je l'ai voulu après tout, personne ne m'a forcé ;-). 22,7 km de montée, 1622m de dénivelé. Arrivent les 9 kms les plus durs: des pentes variant entre 8,6 et 10,8 % de moyenne et pas un instant, vraiment pas un instant de répit pour reprendre son souffle ou "reposer" ses jambes. Heureusement, ce passage se fait en forêt,  à l'ombre des chênes verts et des cèdres de l'Atlas. Bien agréable de ne pas souffrir en plus du soleil qui cogne. Il y a beaucoup de monde sur la route. Des cyclistes évidemment (c'est le côté le plus grimpé), des motards, des voitures... Beaucoup de gens sont là pour encourager des proches. Le Tour de France étant passé par là en juillet, il y a plein d'inscriptions au sol: des noms de coureurs (Contador, Schleck, Froome...) , d'équipes (Europcar entre autres), des allusions aux différents dopés (Armstrong, Jalabert) et des dédicaces plus personnelels (le dénommé Jean a un bon fan-club !).

Arrive le Chalet Reynard, un hôtel restaurant. Ceux qui ont fait la montée par Sault se joignent aux autres et cela fait beaucoup de cyclistes ! Mon coach m'avait dit qu'à partir de cet endroit, le plus dur aurait été gravi et que l'émotion serait au rendez-vous. Et c'est vrai ! Au détour d'un virage, IL est là !
Le sommet, l'Observatoire, le but final. Frissons garantis. C'est le Ventoux comme on le voit à la télé, mythique, géant, tout en pierriers. En le regardant, je me dis qu'une fois arrivée, je l'aurais faite ma grimpée ! Les 5 kms suivants, même si ils ne sont pas si reposants, s'enchainent facilement; c'est le côté euphorisant ! Le dernier km et demi est plus costaud, comme pour rappeler aux cyclistes qu'une ascension comme celle-là se mérite. Et voilà, j'y suis ! C'est magique ! Une photo obligatoire au pied du panneau et une question: "C'est fini ?" Je n'ai pas envie de quitter aussi vite ce mont Chauve et j'ai encore du temps devant moi... Pour arriver à ce point culminant, il y a trois routes. Et si je recommençais par un autre chemin ? Je suis motivée, ça doit être le "double effet Ventoux" !
J'attaque la descente vers Malaucéne. De très belles lignes droites, larges, des boulevards qui me permettent d'atteindre une vitesse maxi de 84 km/h ! La vue sur la vallée a l'air magnifique, mais je passe trop vite pour l'admirer ;-). De ce petit village, je rejoins Bédoin à travers des vignobles, des cerisaies,  en grimpant un petit col (histoire de rester dans le mouvement) et, arrivée à ma voiture, j'avale les quelques Figolu qui me serviront de déjeuner. Je roule jusqu'à Sault, où je me gare prés de la borne du kilomètre zéro.

Et c'est reparti pour ma 2ème ascension, par le côté le plus facile. 25,7 km pour 1152 m de dénivelé. C'est roulant les 20 premières bornes, entre 4 et 6%. Le bitume a été refait récemment, un vrai billard. Même si cette route passe à travers la forêt, j'y suis moins à l'ombre que ce matin. Et puis j'arrive au Chalet Reynard. Un peu moins de frissons que la première fois et les kms suivants s'enfileront moins bien que quelques heures auparavant... Un peu fatiguée quand même ;-)  Et puis aussi, beaucoup moins de monde. Peu de cyclistes en montée, et plus de gens sur les bas-côtés. Me sens un peu toute seule...
Ah non, un mouton traverse tranquillement la route devant moi (le point noir, au milieu de la route sur la photo à droite) ! Les derniers hectomètres n'en finissent pas, mais je sais qu'au bout, il y aura un bel exploit, alors je m'accroche à mon guidon et j'appuie sur mes pédales. Ouf, ça y est, j'y suis, je l'ai fait. Double dose de Ventoux ! Je profite de la réception en 3G pour publier mes photos sur mon mur Facebook, histoire de faire partager mon bonheur au monde entier. Bon ok, à mon monde d'amis ;-)
Je redescends par le même chemin, je profite cette fois de la vue sur l'autre vallée. Une fois à Sault, le réconfort après l'effort: une bonne bière ! Et puis, une autre question: "Et la 3ème route ?". J'ai envie de revoir l'Observatoire, la borne du sommet, mais en suis-je capable ? Message de mon coach: "T'es au pays du Ventoux, fonce !!". Je réfléchis un peu et verrais surtout demain comment j'aurais récupéré.


Et le dimanche matin, ça va ! Pas de courbatures, pas de fatigue ! Alors ? Alors je fonce. Cette fois, ça sera par Malaucéne (21,2 km, 1535 m de dénivelé). Pas le côté le plus dur, mais pas le plus facile non plus. Après 1,5 km, j'ai 3 kms durs, entre 7 et 9%, en plein cagnard. Je transpire à grosses gouttes. Puis quelques kms de répit, oscillant entre plat (relatif ;-) et petits "coups de cul", mais suffisant pour souffler. Une borne kilomètrique sur le bas côté de la route m'indique que j'arrive à l'endroit le plus costaud: 12% de moyenne ! Un mur, suivi de suite par un autre mur de 11% sur près d'un km ! Ne pas regarder le compteur, je ne veux pas savoir à quelle vitesse je monte, mais peut-être je ferais aussi vite à pied ;-).

Encore 3 kms irréguliers (à l'ombre !) et ça y est, je vois la tour ! Toujours un peu de frissons, toujours ce côté dénudé et ces pierres. Dans 3 laçets, j'aurais fini. Dans 3 laçets, j'aurais réalisé mon plus bel exploit à vélo. Une triple ascension du Ventoux. Pas de quoi avoir le diplôme officiel du "Cinglé du Ventoux" puisqu'il faut réaliser les 3 montées en 24 h, mais à demi cinglée, c'est déjà bien non ? Je rejoins Cathy (qui a réalisé elle aussi ses ascensions mais dans un ordre différent). Photo souvenir. Je savoure le moment. Ensuite, de nouveau une descente vers Malaucéne pour un retour à la maison (en voiture ;-) dans la soirée.


C'est pour ça que j'aime le vélo, pour ça que j'aime les efforts (même si c'est plutôt après que pendant ;-). Pour voir de tels paysages, pour réaliser des performances qui sur le papier me semblent des fois insurmontables (je rappelle que j'étais venue dans le Vaucluse pour ne faire qu'UNE unique ascension...). Ca demande de la forme (et c'était l'année ou jamais), du mental (je me suis prouvée que je pouvais l'avoir), de se fixer des objectifs (peu importe la durée de la montée, mon but était de ne jamais poser pied à terre) et des sacrifices (beaucoup de soirées / barbecues / sorties refusées, mais les filles, vous pouvez le comprendre maintenant !).

Voilà, je voulais vous faire partager mes émotions, mon ressenti de ma prouesse de l'année. En attendant le prochain exploit. Tiens, et pourquoi pas une triple ascension dans la même journée.... ;-)